
Chapitre 1. Introduction
1.1. Contexte Historique des Tensions
Après la Seconde Guerre mondiale, la planète est divisée en deux blocs antagonistes : l’Est, mené par l’Union Soviétique, et l’Ouest, dominé par les États-Unis. Cette période, connue sous le nom de Guerre Froide, est marquée par une méfiance mutuelle, des courses à l’armement effrénées et des crises internationales répétées.
Les tensions culminent notamment avec la crise des missiles de Cuba en 1962, où l’URSS installe des missiles nucléaires à portée des États-Unis sur l’île de Cuba. Ce moment est considéré comme l’apogée de la menace de guerre nucléaire directe entre les deux superpuissances.
Cependant, les tensions ne s’apaisent que temporairement après cette crise. La course aux armements se poursuit, les doctrines stratégiques évoluent et l’équilibre de la terreur continue de dominer les relations internationales.
1.2. Présentation de l’exercice Able Archer 83
Du 2 au 11 novembre 1983, l’OTAN organise un exercice militaire appelé Able Archer 83. Ce dernier est conçu comme une simulation ultra-réaliste de guerre nucléaire. Durant cet exercice, les troupes de l’OTAN doivent réagir à une invasion hypothétique de l’Europe de l’Ouest par les forces soviétiques, mettant l’accent sur la prise de décision rapide et stratégique en temps de crise.
Ce qui distingue Able Archer 83 des autres exercices militaires, c’est son niveau de réalisme et la nature sensible des scénarios envisagés. Les manœuvres incluent des communications codées, des changements de niveaux de sécurité et des simulations de frappes nucléaires, conduisant l’Union Soviétique à croire à une possible attaque imminente.
1.3. Objectif de l’Article
L’objectif de cet article est de fournir une analyse approfondie de l’événement critique de novembre 1983, en explorant les causes profondes, le déroulement de l’exercice Able Archer 83, les réactions de l’Union Soviétique et les conséquences à court et long terme sur les relations internationales.
Plus spécifiquement, cet article cherchera à :
- Mettre en lumière les événements historiques qui ont conduit à la situation tendue de novembre 1983.
- Détailler les incidents spécifiques de cette période critique, notamment la situation interne de l’URSS et les politiques américaines.
- Analyser les réactions de l’Union Soviétique face à cet exercice militaire et expliquer pourquoi cet événement a failli déclencher une guerre nucléaire.
- Examiner les conséquences directes et indirectes de cette crise sur la fin de la Guerre Froide et l’évolution géopolitique mondiale.
Cette exploration permettra de mieux comprendre comment la méfiance, la mauvaise communication et les tensions stratégiques peuvent conduire à des situations dangereuses, et insistera sur l’importance du dialogue et de la coopération internationale pour prévenir de telles crises à l’avenir.
Chapitre 2. Contexte Historique
2.1. La Crise des Missiles de Cuba en 1962
2.1.1. Déroulement
La crise des missiles de Cuba éclate en octobre 1962 lorsque des avions de reconnaissance américains découvrent des sites de lancement de missiles nucléaires soviétiques en construction sur l’île de Cuba. La menace d’une attaque nucléaire à proximité immédiate du territoire américain pousse le président John F. Kennedy à décréter un blocus naval autour de Cuba afin d’empêcher l’arrivée de nouveaux équipements militaires soviétiques.
Pendant treize jours de tension intense, le monde retient son souffle. Les négociations sont menées dans le plus grand secret, tandis que les forces militaires des deux superpuissances se tiennent prêtes à intervenir. Finalement, un accord est trouvé : l’URSS accepte de démanteler ses sites de missiles en échange de la promesse américaine de ne pas envahir Cuba, ainsi que du démantèlement des missiles Jupiter américains déployés en Turquie.
2.1.2. Conséquences Mondiales
La crise des missiles de Cuba a plusieurs conséquences majeures sur la scène internationale. Elle met en lumière la fragilité de la paix mondiale durant la Guerre Froide et le risque permanent d’anéantissement mutuel. Elle conduit également les deux superpuissances à mettre en place des dispositifs de communication directe, tels que le célèbre téléphone rouge, afin d’éviter de telles escalades à l’avenir.
Sur le long terme, cette crise incite les États-Unis et l’Union Soviétique à négocier plusieurs traités de contrôle des armements, comme le Traité de Non-Prolifération des Armes Nucléaires (TNP) signé en 1968, visant à limiter la menace nucléaire.
2.2. Détente et Réchauffement dans les Années 70
2.2.1. Période de Détente
Après la période de crise intense des années 60, les relations entre l’Est et l’Ouest s’engagent dans une phase de détente. Cette période est caractérisée par un certain relâchement des tensions et par la signature d’accords visant à réduire les risques de conflit nucléaire. Les accords de Helsinki de 1975 en sont un exemple emblématique, marquant une tentative de dialogue et de coopération entre les blocs occidentaux et soviétiques.
2.2.2. La Course à la Lune
Simultanément, la course à la Lune devient un terrain de compétition technologique pacifique entre les deux superpuissances. Le succès d’Apollo 11 en 1969 avec le premier homme sur la Lune est un triomphe pour les États-Unis, mais il inspire également une réorientation des rivalités vers des compétitions non-militaires.
2.3. Résurgence des Tensions en 1976
2.3.1. Déploiement des Missiles SS-20 par l’URSS
En 1976, les tensions refont surface avec la décision de Leonid Brejnev, dirigeant de l’URSS, de déployer des missiles balistiques à portée intermédiaire SS-20. Ces missiles, dotés de têtes nucléaires, représentent une menace directe pour les principaux centres urbains d’Europe de l’Ouest.
2.3.2. Réaction des États-Unis et Déploiement des Missiles Pershing II
En réponse, les États-Unis annoncent le déploiement de missiles Pershing II en Europe de l’Ouest, capables de toucher des cibles en Union Soviétique en moins de dix minutes. Cette décision exacerbe les tensions et déclenche ce que l’on appelle la crise des euromissiles. Les deux camps se retrouvent une fois de plus engagés dans une course aux armements, augmentant le risque de conflit nucléaire.
2.4. Doctrine de la Destruction Mutuelle Assurée (MAD)
2.4.1. Principe de l’Équilibre de la Terreur
La doctrine de la destruction mutuelle assurée (MAD) repose sur l’idée que l’accumulation d’armes nucléaires par les deux blocs garantit qu’une attaque nucléaire déclencherait une riposte immédiate et dévastatrice, conduisant à l’anéantissement des deux camps. Cette stratégie crée un équilibre de la terreur, où la peur de destructions massives empêche toute initiative offensive.
2.4.2. Influence sur la Stratégie Militaire
Le concept de MAD influence profondément les stratégies militaires de l’époque. Les superpuissances investissent massivement dans le développement de systèmes sophistiqués de détection et de riposte, ainsi que dans les capacités de frappe préventive. La course à la miniaturisation et à la précision des armes nucléaires devient un pilier central de la doctrine militaire des deux blocs, intensifiant la méfiance réciproque et les tensions internationales.
Chapitre 3. Situation en 1983
3.1. Incident de la Korean Airlines (1er septembre 1983)
3.1.1. Détail de l’Incident
Le 1er septembre 1983, le vol 007 de la Korean Airlines, un Boeing 747 avec 269 personnes à bord, dévie de sa trajectoire prévue et pénètre dans l’espace aérien soviétique. Cet avion, qui assurait la liaison entre Anchorage en Alaska et Séoul en Corée du Sud, se retrouve survolant une zone sensible près de la péninsule du Kamchatka, où l’URSS entretient des installations militaires stratégiques.
Les forces de défense aérienne soviétiques, dans un climat de haute tension et de méfiance exacerbée, identifient l’appareil comme une possible menace. Pensant qu’il s’agissait d’un avion espion américain, les autorités soviétiques décident de l’abattre. Deux chasseurs SU-15 interceptent le vol 007 et, sur ordre explicite, lancent deux missiles, détruisant l’avion en plein vol. Aucun passager ne survit.
3.1.2. Répercussions Mondiales
La destruction du vol 007 de la Korean Airlines provoque une onde de choc internationale. Les États-Unis et leurs alliés condamnent immédiatement l’acte, qualifiant la réaction soviétique de barbare et inexcusable. La mort de nombreux civils, y compris 61 Américains parmi les victimes, renforce les tensions entre les blocs de l’Est et de l’Ouest.
L’URSS met du temps à reconnaître sa responsabilité dans l’incident, ce qui ne fait qu’aggraver son image sur la scène internationale. Les Soviétiques, pour leur part, justifient leur action en arguant que l’appareil violait leur espace aérien de manière délibérée. Cependant, l’incident met en lumière les failles de leur système de défense, puisque seulement six des dix-sept radars en charge de la région avaient détecté l’avion.
Cet acte tragique ajoute une couche supplémentaire de méfiance et d’hostilité, exacerbant la paranoïa déjà présente au sein des cercles dirigeants soviétiques et intensifiant la course aux armements.
3.2. Incident de Stanislav Petrov (26 septembre 1983)
3.2.1. Récit de l’Événement
Dans la nuit du 26 septembre 1983, Stanislav Petrov, un officier de surveillance des systèmes d’alerte précoce de l’Union Soviétique, est en service à son poste. Les systèmes de détection des satellites soviétiques signalent le lancement de cinq missiles balistiques intercontinentaux depuis les États-Unis. Selon la procédure standard, Petrov est censé transmettre immédiatement ces informations à ses supérieurs pour qu’une riposte nucléaire soit déclenchée.
Cependant, Petrov doute de la fiabilité de cette alerte. Compte tenu des défaillances fréquentes du système, il soupçonne une fausse alerte. De plus, il est convaincu que si une véritable attaque nucléaire se produisait, elle impliquerait bien plus que cinq missiles. Faisant preuve d’un sang-froid remarquable, Petrov décide de ne pas signaler l’alerte.
3.2.2. Importance de la Décision de Petrov
La décision de Stanislav Petrov, prise en quelques secondes, est cruciale et probablement a sauvé le monde d’une guerre nucléaire. Après des minutes d’attente tendue, il devient clair qu’il n’y a pas eu d’attaque réelle, et que l’alerte avait été déclenchée par une défaillance technique – des reflets du soleil sur les nuages avaient trompé les satellites soviétiques.
Bien que Petrov ait désobéi à la procédure, il évite une calamité mondiale et est finalement blâmé pour ne pas avoir suivi le protocole. Néanmoins, son instinct et son jugement éclairé lui valent plus tard une reconnaissance mondiale comme un héros méconnu de l’histoire.
3.3. Conditions Internes de l’URSS
3.3.1. Situation Économique Dégradée
En 1983, l’Union Soviétique est en proie à de graves difficultés économiques. L’économie centralisée montre des signes d’essoufflement : les industries sont inefficaces, les technologies obsolètes et les dépenses militaires astronomiques. La stagnation économique, couplée à une gestion bureaucratique lourde et inflexible, empêche toute possibilité de réforme pragmatique.
La population soviétique est confrontée à des pénuries de biens de consommation courante, accentuant le mécontentement et les frustrations. Les ressources sont de plus en plus canalisées vers l’armement et les capacités militaires, malgré la dégradation des infrastructures civiles.
3.3.2. Vieillissement de l’Élite Dirigeante
L’élite politique soviétique en 1983 est largement composée de dirigeants âgés. Cette gérontocratie, avec une moyenne d’âge de 75 ans, est perçue comme étant déconnectée des réalités contemporaines et peu apte à répondre aux défis économiques et sociaux croissants. La santé déclinante des dirigeants, tels que le secrétaire général Iouri Andropov, exacerbe l’instabilité et l’incertitude au sommet du pouvoir.
La rigidité idéologique et le manque de vision réformatrice de cette élite vieillissante paralysent toute véritable initiative de modernisation. Ce fossé entre les besoins urgents du pays et l’inertie des dirigeants devient une caractéristique marquante des dernières années du régime soviétique.
3.4. Montée de la Paranoïa au Kremlin
3.4.1. Souvenir de l’Attaque Allemande de 1941
Le souvenir de l’attaque surprise de l’Allemagne nazie en 1941 est gravé dans la mémoire collective des dirigeants soviétiques. Cette expérience laisse une méfiance profondément enracinée à l’égard des intentions de l’Occident, renforçant la paranoïa face à une possible attaque préventive. Les leçons tirées de cette invasion façonnent la doctrine militaire et les décisions stratégiques de l’URSS, visant à éviter tout risque de surprise.
3.4.2. Présidence de Ronald Reagan et Stratégies d’Intimidation
L’arrivée de Ronald Reagan à la présidence des États-Unis en janvier 1981 signale une escalade dans la rhétorique anti-soviétique. Reagan, qualifiant l’URSS d’« Empire du Mal » dans un discours célèbre, adopte une posture résolument offensive. Sous son administration, les États-Unis intensifient les opérations militaires provocatrices, telles que la violation intentionnelle de l’espace aérien soviétique par des bombardiers stratégiques B-52.
Ces manœuvres, combinées à des exercices militaires de grande envergure près des frontières soviétiques, ne font qu’accroître la tension et la suspicion au Kremlin. Les dirigeants soviétiques interprètent ces actions comme des signes précurseurs d’une possible attaque, accentuant leur état d’alerte et de préparation à une riposte.
Chapitre 4. L’Exercice Able Archer 83
4.1. Déroulement de l’Exercice
4.1.1. Objectifs et Scénario
Able Archer 83, organisé par l’OTAN du 2 au 11 novembre 1983, vise à tester la capacité de réaction des forces alliées face à une hypothétique invasion de l’Europe de l’Ouest par les troupes soviétiques. Cet exercice se distingue par son réalisme et sa complexité, impliquant des simulations de frappes nucléaires et l’utilisation de communications codées.
Le scénario de l’exercice prévoit une progression militaire soviétique rapide, entraînant une escalade des réponses de l’OTAN, depuis les opérations de défense conventionnelle jusqu’à l’utilisation d’armes nucléaires tactiques.
4.1.2. Phases Clés
- Phase Initiale: Invasion hypothétique de l’Allemagne de l’Ouest par les forces soviétiques, nécessitant une mobilisation rapide des troupes de l’OTAN.
- Phase de Simulation de Défense: Mise en place de défenses terrestres, aériennes et navales pour contrer l’avancée ennemie.
- Phase de l’Escalade Nucléaire: Simulation de décisions critiques menant à des frappes nucléaires tactiques pour stopper l’invasion.
Les participants utilisent des codes réalistes et simulent des déplacements de hautes autorités militaires pour vérifier la réactivité et la coordination des différents commandements alliés.
4.2. Réaction Soviétique
4.2.1. Interception des Communications
Le réalisme de l’exercice Able Archer 83 conduit le KGB à intercepter et analyser les communications de l’OTAN. Les ordres simulant des frappes nucléaires sont pris au sérieux par les services de renseignement soviétiques, alimentant la crainte d’une attaque préventive de l’Ouest.
Le chef de l’état-major soviétique, le maréchal Nikolai Ogarkov, et d’autres dirigeants interprètent ces messages comme des signes avant-coureurs d’une potentielle attaque réelle, intensifiant la paranoia et la vigilance au sein du Kremlin.
4.2.2. Placement en État d’Alerte
En réaction aux informations interceptées, les forces soviétiques sont placées en état d’alerte maximale. Les mesures prises comprennent :
- Déploiement des Missiles SS-20: Positionnement des missiles balistiques à portée intermédiaire sur leurs sites de lancement.
- Préparation des Sous-marins Nucléaires: Les sous-marins lanceurs d’engins nucléaires plongent sous la calotte glacière de l’Arctique.
- Mobilisation de l’Aviation: Les avions de chasse et bombardiers stationnés en Allemagne de l’Est et en Pologne sont prêts à décoller à tout moment.
Cette posture de défense intensifiée marque l’un des moments les plus tendus de la Guerre froide depuis la crise des missiles de Cuba en 1962.
4.3. Clôture et Confidentialité de l’Exercice
4.3.1. Fin de l’Exercice le 11 novembre 1983
L’exercice Able Archer 83 se termine sans incident le 11 novembre 1983, apaisant temporairement les craintes d’une attaque immédiate. Toutefois, les niveaux élevés de tension et de méfiance persistent des deux côtés du rideau de fer. Les autorités de l’OTAN, conscientes des réactions soviétiques, prennent des mesures pour éviter de provoquer à nouveau une telle anxiété.
4.3.2. Révélation en 2015
Pendant des décennies, les détails précis de l’exercice Able Archer 83 et des réactions soviétiques restent classifiés. Ce n’est qu’en 2015, avec la déclassification d’un document des renseignements américains de 1990, que le monde découvre l’étendue de la panique qui aurait pu déclencher une guerre nucléaire.
Ce document révèle que le maréchal Ogarkov avait pris des décisions de mise en alerte de manière autonome, sans consulter d’autres membres de l’état-major, minimisant ainsi les risques de fuite d’informations vers l’Ouest.
Chapitre 5. Conséquences et Évolutions
5.1. Signature du Traité de 1987
5.1.1. Détails du Traité
Le Traité sur les Forces Nucléaires à Portée Intermédiaire (FNI) est signé le 8 décembre 1987 à Washington par le président américain Ronald Reagan et le secrétaire général soviétique Mikhaïl Gorbatchev. Cet accord marque une étape cruciale dans la réduction des tensions nucléaires entre les deux superpuissances. Le traité prévoit :
- Élimination complète des missiles balistiques et de croisière à portée intermédiaire (entre 500 et 5 500 km).
- Inspection mutuelle: Un régime de vérification rigoureux est mis en place pour assurer la transparence et la conformité.
- Démantèlement des missiles Pershing II et SS-20, principaux vecteurs nucléaires concernés par le traité.
5.1.2. Impact sur la Crise des Euromissiles
La crise des euromissiles, déclenchée par le déploiement des SS-20 soviétiques et la riposte américaine avec les Pershing II, trouve une résolution avec la signature du Traité FNI. Cette initiative permet de :
- Réduire considérablement la menace nucléaire immédiate en Europe.
- Renforcer la confiance mutuelle entre les deux blocs, posant les bases de futures négociations sur le contrôle des armements.
- Stabiliser la situation géopolitique en Europe, réduisant ainsi le risque de guerre nucléaire par accident ou par malentendu.
5.2. Transformation Géopolitique
5.2.1. Chute du Mur de Berlin (1989)
Le 9 novembre 1989, la chute du Mur de Berlin symbolise la fin de la division de l’Europe entre l’Est et l’Ouest. Cet événement marque non seulement la fin de la guerre froide mais aussi un tournant majeur dans l’histoire mondiale. Il conduit à :
- La réunification de l’Allemagne: Le mouvement de réconciliation entre l’Allemagne de l’Est et celle de l’Ouest et le rétablissement d’une souveraineté pleine et entière sur tout le territoire allemand.
- L’effondrement des régimes communistes en Europe de l’Est : Encouragés par les réformes en Union Soviétique et le succès de la réunification allemande, plusieurs pays de l’Est renversent leurs régimes autoritaires (Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, etc.).
5.2.2. Dissolution de l’Union Soviétique (1991)
Le 26 décembre 1991 marque la dissolution officielle de l’Union Soviétique. En découle plusieurs transformations majeures :
- Émergence de nouvelles républiques indépendantes : Quinze États souverains voient le jour, dont la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, les Pays Baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), et les républiques d’Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, etc.).
- Fin du conflit idéologique global : Le monde n’est plus bipolaire, le communisme s’estompe au profit du capitalisme et de la démocratie libérale.
- Réorganisation de l’ordre mondial : Les États-Unis émergent comme l’unique superpuissance, ce qui aura des répercussions sur la dynamique géopolitique future.
5.3. L’Illusion de la « Fin de l’Histoire »
5.3.1. Prévisions naïves après la Guerre Froide
L’idée de la « Fin de l’Histoire », popularisée par le politologue Francis Fukuyama, suggère que la fin de la guerre froide marquerait le triomphe définitif des démocraties libérales occidentales et la fin des grands conflits idéologiques. Cependant, cette vision se révèle trop optimiste :
- Persistances de tensions régionales : Des conflits locaux et des guerres civiles éclatent à travers le monde (Balkans, Moyen-Orient, Afrique).
- Résurgence d’anciennes rivalités ethniques et nationales : La chute des régimes autoritaires libère des tensions ethniques longtemps réprimées (Yougoslavie, Rwanda).
5.3.2. Émergence de Nouvelles Puissances
Le début du XXIe siècle voit l’ascension de nouvelles puissances économiques et militaires:
- La Chine et l’Inde : forts de leurs énormes populations et de leurs croissances économiques rapides, ces pays deviennent des acteurs essentiels sur la scène internationale.
- La Russie : Elle retrouve son rôle sur la scène mondiale sous la présidence de Vladimir Poutine.
- La montée de nouvelles formes de menaces : Terrorisme international, cyberattaques, et tensions liées aux ressources naturelles remplacent les anciennes rivalités idéologiques.
Ces transformations modifient profondément l’équilibre des pouvoirs au niveau mondial, faisant du monde un espace plus multipolaire.
Chapitre 6. Conclusion
6.1. Leçons Tirées de 1983
L’année 1983 restera gravée dans les annales de la Guerre froide comme l’une des plus tendues et périlleuses. Les événements entourant l’exercice Able Archer 83 montrent clairement à quel point le monde pouvait basculer dans une guerre nucléaire sur la base de malentendus et de fausses interprétations. La principale leçon à tirer de cette période est l’importance cruciale de la communication et de la transparence entre les nations. Des mécanismes de vérification et d’alerte efficaces doivent être mis en place pour éviter de telles situations dangereuses.
6.2. Importance du Dialogue entre Superpuissances
Le dialogue constructif et continu entre les superpuissances est une nécessité absolue pour garantir la paix mondiale. Les incidents de 1983 et les efforts ultérieurs pour signer des traités de réduction des armements, comme le Traité sur les Forces Nucléaires à Portée Intermédiaire, illustrent comment des canaux de communication ouverts peuvent non seulement désamorcer des crises potentielles mais aussi instaurer un climat de confiance mutuelle. L’absence de dialogue conduit inévitablement à la méfiance et à la paranoïa, augmentant les risques d’escalade.
6.3. Réflexions sur les Événements Récentes
Les dynamiques géopolitiques actuelles montrent que les leçons de la Guerre froide doivent être entretenues de manière constante. La montée en puissance de nouvelles nations, les conflits territoriaux et les menaces globales telles que le terrorisme ou les cyberattaques imposent aux grandes puissances de maintenir un dialogue actif pour éviter tout conflit majeur. Les tensions récentes entre les grandes puissances rappellent que les relations internationales sont un domaine où la vigilance et l’effort diplomatique ne doivent jamais cesser.
En somme, la compréhension et l’étude des événements de 1983 nous enseignent que la paix et la stabilité mondiale dépendent de la volonté des nations à coopérer, à communiquer et à faire preuve de prudence face aux défis globaux.
Questions Fréquemment Posées (FAQ)
1. Qu’est-ce que l’exercice Able Archer 83 ?
Able Archer 83 était un exercice militaire simulant une série d’événements culminant en une guerre nucléaire, organisé par l’OTAN du 2 au 11 novembre 1983. Son objectif principal était de tester les capacités de réaction des forces alliées face à une hypothétique invasion soviétique de l’Europe de l’Ouest.
2. Pourquoi l’URSS a-t-elle mal interprété l’exercice ?
L’Union Soviétique a mal interprété l’exercice Able Archer 83 en raison de son niveau de réalisme élevé, notamment l’utilisation de communications codées et la simulation de frappes nucléaires. Cette situation a exacerbé la paranoïa déjà présente au sein du Kremlin, qui craignait qu’un véritable conflit soit dissimulé sous couvert de l’exercice.
3. Quel était le rôle de Stanislav Petrov en 1983 ?
Stanislav Petrov, un officier soviétique, a joué un rôle crucial le 26 septembre 1983, en désignant comme fausse une alerte de lancement de missiles américains détectée par les systèmes soviétiques. Son instuition a empêché une riposte nucléaire immédiate, évitant ainsi une escalade vers une guerre nucléaire.
4. Quels sont les principaux impacts du traité de 1987 ?
Le Traité sur les Forces Nucléaires à Portée Intermédiaire (INF), signé en 1987, a entraîné l’élimination de toute une catégorie de missiles balistiques et de croisière (portée de 500 à 5 500 km) des arsenaux américains et soviétiques. Ce traité a amélioré la confiance mutuelle, réduit les risques de guerre nucléaire en Europe et pavé la voie à davantage de négociations sur les contrôles des armements.
5. Quelle était l’évolution de la relation entre les superpuissances après 1983 ?
Après 1983, les relations entre les superpuissances ont évolué vers une période de désescalade et de dialogue, culminant avec la signature du Traité INF en 1987. Les efforts pour maîtriser les armements ont continué jusqu’à la fin de la Guerre froide, marquée par des projets de coopération et une réduction des capacités nucléaires. La dissolution de l’Union Soviétique en 1991 a également profondément modifié la dynamique géopolitique mondiale, rendant nécessaire un nouveau cadre de relations internationales.